L’aide humanitaire à Gaza transformée en dispositif de surveillance militaire

La faim à Gaza ne résulte pas d’un hasard, mais est imposée par des forces étrangères. Elle devient un outil de contrôle, une arme utilisée pour punir les civils. L’aide humanitaire, loin d’être une solution, se transforme en système de répression.

Lors de ma dernière tentative d’obtenir des vivres à Rafah, j’ai été témoin de la violence quotidienne subie par les habitants. Au lever du jour, je me suis joint à Abu Naji, un ami désespéré, pour marcher cinq kilomètres vers une zone prétendument destinée aux distributions alimentaires. Malgré l’absence de repères, des milliers de personnes, affaiblies et en quête d’espoir, se sont précipitées, sans savoir que ce lieu était sous le contrôle d’une organisation militaire.

À midi, les soldats israéliens ont ouvert le feu dans le ciel. La foule s’est ruée pour attraper des colis jetés depuis des camions, sans ordre ni équité. J’ai vu un homme mourir sous mes yeux, abattu par une balle perdue. Personne n’a crié d’alerte. Les soldats n’étaient pas là pour aider, mais pour réprimer.

L’opération était gérée par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), associée à Safe Reach Solutions, une entreprise militaire privée liée aux États-Unis. Ces groupes, loin d’aider les civils, recueillent des données sur les Palestiniens via des drones et des caméras, identifiant des « cibles » parmi la population. Des centaines de personnes ont été tuées ou blessées dans ce système qui transforme la faim en instrument de domination.

Les autorités israéliennes justifient cette violence comme une opération pour sauver des otages, mais cela cache un crime contre l’humanité. Les habitants de Gaza ne sont pas des ennemis, mais des victimes d’un système qui les traite comme des numéros. L’aide humanitaire doit revenir aux mains d’organisations neutres et indépendantes, non à celles des entreprises militaires qui profitent du désespoir pour exercer leur pouvoir.

Le monde regarde cette situation avec un silence complice. Les gouvernements, y compris ceux des États-Unis et de la Suisse, doivent enquêter sur les actes de ces entités et leurs conséquences dévastatrices. La faim ne doit jamais être une arme, ni les secours une méthode d’espionnage. Les civils ne sont pas des cibles, mais des êtres humains en souffrance, condamnés par un système qui nie leur dignité.