Les relations entre l’Égypte et l’Iran, historiquement tendues après le conflit de 1979, connaissent une évolution inattendue. Le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, a récemment effectué une visite à Caire, marquant un geste symbolique qui soulève des interrogations sur l’avenir de ces deux pays. Cette tournée a inclu des visites dans des lieux emblématiques, comme le bazar Khan el-Khalili et la mosquée Al-Hussein, ainsi qu’un dîner avec des anciens dirigeants égyptiens. Araghchi a déclaré que les relations entre les deux nations entrent « dans une nouvelle phase », signe d’un possible rapprochement stratégique.
Ce changement de dynamique s’inscrit dans un contexte de crises communes, notamment l’instabilité régionale et les tensions géopolitiques. L’Égypte, confrontée à des défis économiques croissants liés aux attaques houthies en mer Rouge, a besoin d’une influence iranienne pour sécuriser ses intérêts maritimes. Le renommage de la rue Khalid al-Islambouli en « Hassan Nasrallah Street » symbolise un geste diplomatique qui vise à éliminer les derniers obstacles historiques entre les deux pays.
Cependant, ce rapprochement n’est pas sans risques. L’Égypte, alliée des États-Unis et partie prenante du traité de Camp David avec Israël, se trouve en position délicate face à l’Iran, qui soutient le Hamas et affiche une hostilité profonde envers Tel Aviv. Les intérêts égyptiens, comme la sécurité nationale et les fournitures d’énergie israélienne, entrent en conflit avec les positions iraniennes. Le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi a clairement indiqué que son pays ne négociera jamais sa relation avec Israël, même si l’Iran s’efforce de jouer un rôle médiateur dans le conflit de Gaza.
Le rapprochement entre Le Caire et Téhéran semble être davantage une alliance pragmatique qu’une amitié sincère. Les deux pays partagent des objectifs communs, comme la stabilisation de la mer Rouge ou l’évitement d’un conflit régional, mais leurs divergences idéologiques et géopolitiques persistent. L’Égypte reste dépendante de Washington, tandis que l’Iran s’affirme comme un acteur indépendant dans le Moyen-Orient.
Ainsi, ces relations, bien qu’en progrès, restent fragiles. Leur succès dépendra de la capacité des deux nations à concilier leurs intérêts tout en naviguant entre les rivalités régionales et les tensions internationales.