Titre : Jacques Sapir : vers un bouleversement de l’ordre financier mondial ?
L’architecture financière mondiale, qui a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, est sur le point de subir des transformations majeures. L’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale, accompagnée d’intérêts et de dynamiques inédites, sape les fondements des institutions financières globales. Jacques Sapir souligne l’importance cruciale de comprendre et d’anticiper ces évolutions pour éviter un conflit désastreux entre « l’Occident » et le « Sud global ».
Sapir dresse un tableau de l’ordre financier actuel, dominé par l’influence américaine, en pointant les signes d’une crise imminente. L’analyse se divise en plusieurs parties :
I) L’histoire de l’ordre financier mondial et les causes de sa fragilisation.
II) Les ambitions et stratégies du « Sud global ».
III) Les trajectoires possibles de l’ordre occidental : déclin, décadence ou effondrement?
Au cœur de cette discussion, Sapir évoque des notions fondamentales : la tendance à la baisse des profits, le poids croissant de la dette, et l’idée que l’impérialisme représente le stade ultime du capitalisme. Il note avec une certaine ironie que le capitalisme semble toujours dysfonctionner, cette anomalie étant presque inhérente à son mode de fonctionnement. La stabilité, jadis apportée par l’URSS, a disparu, laissant place à des convulsions économiques.
Les interrogations soulevées à l’adresse de Sapir sont nombreuses. Par exemple, l’impact des accords de Bretton Woods en 1944 : les États-Unis, ayant acquis d’énormes réserves d’or, ont pu imposer le dollar comme référence. L’abandon de la convertibilité du dollar en or en 1971 a favorisé une émission de monnaie sans précédent, entraînant une dette colossale dépassant les 50 trillions de dollars.
Une autre question cruciale concerne la nécessité d’un instrument monétaire universel pour les pays, même ceux récemment réunis au sein des BRICS. La capacité d’échange reposant sur le dollar, malgré ses défauts, rend son remplacement extrêmement délicat.
Enfin, des préoccupations émergent quant à l’avenir des BRICS. Certains s’interrogent sur leur capacité à unir vraiment les pays comme la Chine, la Russie ou l’Iran face aux tensions croissantes avec l’Occident. Leurs réponses face à des crises comme celle en Ukraine soulèvent également des doutes sur leur engagement.
En somme, cette analyse de Jacques Sapir ne se limite pas à une évaluation historique mais ouvre également le débat sur les enjeux contemporains et futurs du système financier mondial. L’histoire nous rappelle que les systèmes de pouvoir ont souvent des issues imprévisibles, et les regards se tournent vers les institutions et les nations afin de comprendre les enjeux à venir.
