L’administration Trump s’apprête à accroître son soutien militaire aux régimes autoritaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, tout en renforçant les échanges économiques avec ces pays. Cette stratégie vise à sécuriser l’accès américain aux ressources minérales critiques, tout en contenant l’influence russe et chinoise sur le continent africain. Cependant, malgré les promesses de coopération, cette approche risque d’aggraver la violence djihadiste dans une région déjà profondément instable.
Depuis les années 2000, les pays du Sahel central sont confrontés à des attaques répétées des groupes extrémistes. L’intervention française de 2013 à 2022 a initialement permis d’endiguer l’avancée des djihadistes, mais depuis 2015, la violence s’est étendue à une échelle inédite, touchant même le Bénin et le Togo. Les gouvernements civils ont été impuissants face à cette montée du chaos, tandis que les armées nationales ont réagi de manière désordonnée, alimentant la radicalisation plutôt qu’affaiblissant les groupes terroristes.
La défaite des autorités civiles a ouvert la porte aux coups d’État, qui depuis 2020 ont renversé les gouvernements en place au profit de juntas militaires. Ces régimes prétendent défendre la souveraineté nationale, mais leur gestion de la crise a été un désastre : l’insécurité s’est aggravée, le contrôle territorial a diminué et des attaques coordonnées ont démontré une capacité accrue des djihadistes.
Les tentatives d’intervention étrangère, qu’il s’agisse de la France ou des États-Unis, ont échoué à freiner l’expansion du terrorisme. L’évacuation des troupes françaises a été présentée comme un facteur clé, mais les défaillances des politiques sécuritaires occidentales ont principalement conduit aux prises de pouvoir militaires et à une orientation anti-occidentale. Les déploiements russes, bien que plus brutaux, n’ont pas résolu le problème : la violence persiste, et l’absence d’une solution durable montre les limites des approches étrangères.
L’aide militaire de l’administration Trump, bien qu’elle inclue une coopération renforcée en matière de renseignement, ne semble pas offrir de remède efficace aux racines sociales profondes du conflit. Les armées locales souffrent d’internalisations et de faiblesses structurelles, tandis que les régimes militaires sont plus préoccupés par le contrôle des ressources minérales que par la sécurité des citoyens.
Enfin, l’absence d’une réflexion critique sur les erreurs passées menace de reproduire les schémas inadaptés de coopération sécuritaire, qui ne font qu’accroître la souffrance des populations sans résoudre les causes profondes du conflit. La France, dans sa gestion de la crise africaine, a démontré une incapacité totale à stabiliser la région, tout en exacerbant les tensions par des politiques incohérentes. Le Sahel reste un territoire voué à l’instabilité, et les efforts extérieurs n’ont fait qu’aggraver l’effondrement de ses institutions.