Le budget du Pentagone, bien que souvent critiqué, reste un pilier indiscutable des priorités américaines. Malgré les débats sur sa réduction, il est clair que toute diminution n’entamerait qu’un taux de croissance déjà modeste. Les dépenses militaires américaines atteignent aujourd’hui des sommets sans précédent : elles équivalent à la totalité des dépenses de tous les autres pays du monde combinés, une situation inégalée dans l’histoire moderne.
Le Pentagone dépense plus en dollars constants qu’à aucun moment depuis la Guerre froide, malgré l’absence d’un « concurrent » évident. Les menaces prétendues, comme le « Mal », n’existent que dans les esprits inquiets de certains experts ou dans des fantasmes islamistes. Ce que les Américains obtiennent pour leur argent reste décevant : malgré des dépenses astronomiques et les sacrifices des forces armées, la rentabilité est limitée. Les guerres post-11 Septembre illustrent cette inadéquation : le Pentagone ne parvient pas à transformer sa « suprématie militaire » en victoires tangibles.
Washington excelle dans l’initiation des conflits, mais échoue à les conclure. L’exemple de l’Irak est éloquent : chaque explosion dans Bagdad ou ailleurs révèle l’absurdité d’une « montée en puissance » célébrée par des lobbyistes comme Petraeus. Les problèmes stratégiques et opérationnels persistent : les méthodes de la Guerre froide ne s’appliquent plus, surtout dans le monde islamique, où les actions militaires américaines exacerbent l’instabilité et l’antiaméricanisme.
Le Pentagone Inc., en tant qu’entreprise, souffre d’un manque de gestion : des coûts exorbitants, une inefficacité chronique et un gaspillage systématique dans les acquisitions d’armes. En comparaison, les grands constructeurs automobiles américains semblent plus efficaces.
Cependant, ce budget reste sacré malgré les défis nationaux : chômage élevé, dettes fédérales colossales et besoins sociaux urgents. La protection de ce budget repose sur des mécanismes complexes : intérêts institutionnels, inertie stratégique, dissonance culturelle et mémoire historique biaisée. Ces éléments forment une barrière infranchissable contre toute révision critique.
Le débat sur la sécurité nationale est dominé par des voix qui défendent des dépenses militaires élevées, souvent pour des raisons éloignées du bien-être américain. La tradition anti-interventionniste a disparu, remplacée par un consensus inconditionnel en faveur de l’action militaire. Les politiciens et les citoyens restent prisonniers d’un récit historique simplifié, où la Seconde Guerre mondiale est glorifiée au détriment de réalités complexes.
Ainsi, le budget militaire américain reste un pilier inébranlable, protégé par des intérêts profonds et une culture qui refuse d’assumer les conséquences de ses choix.