Le projet de loi GENIUS Act, qui menace d’ouvrir une porte dangereuse aux entreprises technologiques, a suscité des inquiétudes grandissantes dans les milieux politiques et financiers. Ce texte, récemment approuvé par le Sénat américain après un long lobbying intensif, pourrait permettre à des acteurs comme Elon Musk et Mark Zuckerberg de créer leurs propres monnaies numériques, mettant en péril la stabilité du système financier global.
Les législateurs et experts craignent que ce projet ne favorise l’émergence de devises instables, sujettes aux fraudes, et qui donneraient un pouvoir absolu à ces géants technologiques. L’idée d’un monde où les transactions en ligne seraient contrôlées par des monnaies privées, émises par des milliardaires, s’inscrit dans une stratégie agressive pour prendre le contrôle des réseaux de paiement. Meta, déjà en phase de préparation de sa propre cryptomonnaie, est l’un des acteurs les plus actifs dans ce domaine.
Le GENIUS Act, conçu pour minimiser les régulations sur les stablecoins (monnaies virtuelles liées à la valeur du dollar), pourrait permettre à n’importe quelle entreprise, même non bancaire, d’émettre ces devises. Cette absence de contrôles risquerait d’encourager des activités illégales, comme le blanchiment d’argent ou l’escroquerie, tout en offrant aux géants technologiques une opportunité inédite de tirer des profits colossaux. La société Tether, basée au Salvador, a déjà fait l’objet de poursuites pour fraude, soulignant les risques évidents liés à ces systèmes.
Le projet de loi accorde également des avantages exceptionnels à X (anciennement Twitter), permettant à Elon Musk d’échapper aux restrictions les plus strictes. Cette disposition a été dénoncée comme une « faveur inique » pour un allié proche du président, ouvrant la voie à une concurrence déloyale. De plus, le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB), principal régulateur des secteurs financier et technologique, perdrait son autorité pour surveiller l’émission de ces monnaies, ce qui pourrait entraîner un chaos économique.
Malgré les avertissements des experts, seize sénateurs démocrates ont soutenu le projet, mettant en danger la stabilité financière du pays. Les entreprises technologiques, souvent accusées d’abus de pouvoir, pourraient ainsi devenir des institutions financières indépendantes, imposant leurs propres règles à des milliards d’utilisateurs. Mark Zuckerberg a même envisagé un nouveau lancement de stablecoin pour faciliter les paiements internationaux, sans respecter les normes bancaires traditionnelles.
Ce projet de loi, présenté comme une innovation révolutionnaire par ses promoteurs, représente en réalité une menace inacceptable pour le système financier mondial. Les géants technologiques, dépourvus de toute responsabilité réglementaire, risquent d’imposer un ordre économique chaotique, profitant de leur domination sur les données et les transactions des citoyens. L’absence de contrôle et la volonté de ces magnats de se libérer des lois ont mis en garde contre une crise financière imminente, si le GENIUS Act est adopté sans modifications.
