Philippe Borrel Réalisateur : L’Avenir Entre Humains et Algorithmes
Date: 2024-09-21
Le réalisateur Philippe Borrel débat dans une interview du dilemme crucial qui se pose pour l’humanité à mesure que les technologies avancent. Dans son film « Un monde sans humains ? », il explore la question de savoir si demain, ce sera les hommes ou les algorithmes qui prendront le pouvoir.
L’idée centrale du documentaire est née d’une discussion avec Fabienne Servan Schreiber et Estelle Mauriac, ses productrices. Ces dernières l’avaient déjà convié à réaliser un précédent film pour Arte, « Un monde sans fous ? », qui avait examiné la crise de la psychiatrie en France. Le projet actuel a vu le jour lors d’une conversation avec Noël Mamère, ancien député écologiste et candidat des Verts à l’élection présidentielle en 2002.
Noël Mamère souhaitait explorer les conséquences sociétales de la course au progrès technologique. Les perspectives transhumanistes étaient alors en train d’imposer leurs idées, notamment auprès des sphères financières qui investissaient massivement dans les nouvelles technologies numériques. Ces visions promettent d’améliorer et même de transcender l’homme pour le rendre plus performant, voire immortel.
Mais derrière ces promesses se cachent des intérêts particuliers. Les chercheurs en sociologie travaillent à convaincre les gens que ces technologies sont nécessaires, faisant passer leur acceptabilité pour une priorité publique alors qu’elle sert plutôt l’agenda des plus puissants.
Depuis deux décennies environ, les outils high-tech comme les smartphones se sont introduits de manière intime dans nos vies. Ils modifient graduellement notre subjectivité et façonnent nos comportements, relations sociales et vision du monde. Leur utilisation quotidienne nous pousse vers une dépendance croissante aux machines, au point que nous finissons par être gouvernés par des algorithmes.
Cette emprise technologique n’est pas anecdotique car elle est liée à un véritable projet politique. Plusieurs programmes ambitieux ont été lancés pour faire converger différentes technologies scientifiques afin de contribuer à une nouvelle croissance économique et d’offrir les emplois du futur. Cependant, cette optimisation généralisée peut également mener à la déshumanisation de notre société.
Un sondage récent a révélé que 25% des Européens seraient prêts à confier le gouvernement à des algorithmes plutôt qu’à des politiciens humains. Cette évolution soulève la question cruciale : qui prendra les décisions éthiques concernant l’intelligence artificielle, la robotisation et le posthumanisme ?
Philippe Borrel souligne que la discussion sur ces sujets est souvent biaisée car ceux qui osent critiquer sont considérés comme rétrogrades. Cependant, des initiatives locales dans différents pays proposent de repenser les modes de vie en mettant l’accent sur le partage et la coopération entre pairs.
En conclusion, Borrel invite à une prise de conscience du risque que prend l’humanité si nous continuons à suivre aveuglément le progrès technologique sans réfléchir aux conséquences. Le véritable enjeu est de trouver un équilibre entre les technologies et nos valeurs humaines, afin d’éviter un monde déshumanisé contrôlé par des algorithmes.
