Réflexion Critique sur la Haine
Le 8 juillet 2024, la Coordination des Organisations Islamiques de Suisse a invité les participants à une réflexion approfondie sur l’origine et le fonctionnement social de la haine.
Les discours de haine sont en croissance dans diverses formes et contextes : en ligne ou lors d’interventions publiques, contre des minorités religieuses, ethniques ou politiques. Ces expressions de mécontentement s’appuient sur le numérique pour atteindre un large public à travers les frontières.
Or, lutter juridiquement contre la haine est difficile, car le droit international dépend entièrement des États-nations qui peuvent eux-mêmes propager ces discours. La seule solution morale ne suffit pas, il faut analyser fonctionnellement pourquoi et comment la haine se développe socialement.
La haine joue un rôle émotionnel pour les individus et les groupes en créant des frontières mentales entre « nous » et l’« autre ». Elle renforce une identité collective menacée en transformant des victimes potentiels en agresseurs. Par exemple, la colonisation a souvent conduit à des stigmatisations racistes pour justifier les abus.
Pour contrer cette dynamique toxique, il est essentiel de reconnaître que nous sommes tous d’abord des êtres humains, et non d’abord un groupe religieux ou politique. Cela permet de comprendre nos intérêts communs et notre dépendance mutuelle face aux abus du pouvoir.
La mondialisation qui brouille les repères culturels traditionnels peut aussi favoriser l’émergence de haines simplificatrices. Il faut donc être vigilant face à ces épidémies mentales collectives potentiellement mortelles, qui justifient la destruction des victimes perçues comme une menace.